Incendies de forêts et réchauffement climatique : quel impact pour nos forêts belges ?

7 octobre 2021 Gestion forestière

« En Belgique, la tendance observée est clairement au réchauffement climatique. Et nous, forestiers, devons adapter les essences d’arbre plantées afin qu’elles soient plus résistantes à la chaleur. C’est très complexe. » Rencontre avec Michel Terlinden, gestionnaire forestier et directeur d’Amifor.

 Cet été 2021 a été particulièrement marqué par les feux de forêts. Grèce, Turquie, Californie, Canada, Sibérie… Au total, plusieurs millions d’hectares de surface forestière sont partis en fumée, causant des ravages sur la biodiversité et la faune locales. La Belgique quant à elle a connu un été très pluvieux, provoquant des inondations sans pareilles. 

Qu’en est-il du risque d’incendies de forêts dans notre pays ? Quel est l’impact du réchauffement climatique sur nos forêts et comment les propriétaires forestiers s’y préparent-ils ? Rencontre avec Michel Terlinden, gestionnaire de forêts et directeur d’Amifor, la plus petite mutuelle d’assurance de Belgique et la première dans le secteur des incendies de forêts.

Comment nos forêts belges sont-elles impactées par le réchauffement climatique ?

Cet été, dans notre pays, la pluie est tombée presque sans intermittence. En ce qui concerne les incendies de forêts et pour les forestiers, ces conditions ont été très favorables. Cela a permis de reconstituer les nappes phréatiques et de sauver des peuplements forestiers qui avaient souffert de la sècheresse ces dernières années. 

Cela dit, il faut regarder l’évolution du climat en Belgique sur plusieurs années voire plusieurs décennies. La tendance observée est clairement au réchauffement. Et nous, forestiers, devons adapter les essences d’arbres plantés afin que ceux-ci soient plus résistants à la chaleur. Ils ont beaucoup souffert ces dernières années. 

Quelles essences d’arbres sont particulièrement touchées chez nous ?

Réchauffement climatique, cela signifie sècheresse au printemps et températures élevées (30° pendant plusieurs jours), y compris la nuit. C’est tout à fait néfaste pour certaines espèces forestières comme le hêtre qui ne peut résister à cela. Cette espèce est dans le collimateur du réchauffement climatique, comme l’épicéa de basse altitude. 

Qu’en est-il des incendies de forêts en Belgique ?

On craint que la tendance ne soit à la hausse. Heureusement, très peu d’incendies de forêts sont à déplorer chez nous cette année. Les années précédentes, plusieurs départs d’incendie ont eu lieu, brûlant quelques hectares. En 2020, un gros incendie à Tournai a ravagé un peu plus de 150 hectares, ce qui est tout de même, à l’échelle de notre pays, assez important. 

Personnellement, je crois vraiment dans la certification PEFC car c’est une manière de prouver au grand public que nos forêts sont gérées de façon durable. Et qu’on peut se fournir en bois dans nos forêts sans mettre à mal la biodiversité ni la forêt. Michel Terlinden, gestionnaire forestier et directeur d’Amifor

Comment prévenir les problèmes que rencontrent la forêt avec le réchauffement climatique ?

La dynamique actuelle est à la création de plus petites parcelles forestières. Il faut éviter des surfaces importantes d’une même espèce d’arbre, et du même âge. Il faut donc avoir des peuplements mélangés : soit « pied par pied » (mais difficile à gérer), soit « par parquet ». Cela signifie qu’une surface d’un hectare jouxte alors un hectare d’une autre espèce. 

C’est à la fois meilleur pour la résilience des forêts au niveau climatique, et meilleur contre les incendies car cela retarde la progression du feu. En effet, les résineux brûlent facilement. Mais mélangés à des feuillus, cela ralentit le feu et permet aux pompiers d’intervenir et donc limiter les dégâts.

En quoi le plan de gestion demandé par PEFC aide-t-il les propriétaires forestiers ?

Disposer d’un plan de gestion est ce que la certification PEFC demande effectivement à ses membres. C’est un document simple qui doit aider le propriétaire à gérer sa forêt. Il ne faut pas considérer cela comme une lourdeur administrative mais comme une aide à la gestion. 

L’inventaire que le propriétaire fait de sa forêt (en termes d’essences, tailles, âge des arbres etc.) lui permet de planifier sa gestion, de savoir qu’il est temps d’intervenir sur une parcelle d’arbres arrivés à maturité, de choisir la bonne essence d’arbres à replanter pour qu’ils soient bien adaptés à la station et aux changements observés etc. 

En tant qu’expert forestier, que diriez-vous aux gestionnaires et propriétaires forestiers par rapport à la certification forestière PEFC ?

Je gère en effet la forêt de nombreux propriétaires, soit parce qu’ils n’ont pas le temps, soit parce qu’ils ont un autre métier et n’ont pas nécessairement des connaissances approfondies en sylviculture. Et je leur propose toujours d’être certifié PEFC. Bien sûr, c’est eux qui prennent la décision finale. 

Personnellement, je crois vraiment dans cette certification car c’est une manière de prouver au grand public que nos forêts sont gérées de façon durable. Et qu’on peut se fournir en bois dans nos forêts sans mettre à mal la biodiversité ni la forêtC’est prouver que sa gestion maintient l’équilibre économique, écologique et social de la forêt. Ces 3 pieds sur lesquels tiennent les forêts sont cruciaux pour garantir leur avenir et les préserver pour les générations futures. 

PEFC –  14 critères pour une gestion durable des forêts

La certification de gestion forestière PEFC est un processus volontaire qui atteste de la gestion durable de la forêt et du respect de ses fonctions environnementales, sociales et économiques. Elle garantit l’application par tous les intervenants en forêt de règles strictes basées sur des standards revus périodiquement pendant deux ans tous les cinq ans.

Parmi les critères repris dans la charte pour la gestion forestière durable en Wallonie, outre la tenue d’un document simple de gestion : plantation d’essences d’arbres adaptées à la station, non-recours aux OGM et espèces invasives, diversification de sa forêt par des mélanges d’essences, d’âge et de structures ; interdiction d’herbicides, fongicides et insecticides ; interdiction d’engrais chimique ; interdiction de nouveaux drainages ; conservation voire restauration des zones d’intérêt biologique ; garantie de l’équilibre entre arbres plantés et coupés…


Chaque mois, PEFC reçoit des invités pour parler de thématiques relatives à nos forêts belges.

Retrouvez ici l’interview de Michel Terlinden et de Johan Simon du Week-end du Bois et des Forêts dans l’émission « Culture et vous » sur RCF radio. Ecouter le podcast en ligne ici.


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